La semaine qui vient de s'écouler n'a sans doute pas été la plus difficile, loin de là : le président français en a connu de bien plus impitoyables, mais elle reste particulièrement âpre. Parce que c'est celle qui a vu ses vieux démons, les plus coriaces, occuper l'hypercœur médiatique et politique de la France.
« Je te reconquiérerai »
L'ex, d'abord – surtout. L'ex du lit. C'est terrible, un(e) ex avec lequel ou laquelle un citoyen lambda, a fortiori un chef d'État, ne partage pas d'enfants. Surtout quand cette ex a été au centre d'un soap opera mi-mexicain mi-turc, avec l'infini cortège de clichés, au sens propre comme au figuré, du genre : le trophée du paparazzo, l'humiliation publique, la crise de nerfs, le Prozac, la répudiation, les commentaires publics et privés, etc.
Cette semaine, Valérie Trierweiler s'en est donné à cœur et à corps joie. Après la tristesse et le déni, elle est de plain-pied dans la troisième et ultime phase de la rupture amoureuse : la rage. Même si elle jure ses grands dieux que son brûlot est un livre d'amour, pas de vengeance. La voilà donc qui vient d'entamer la tournée promotionnelle de son best-seller avec des interviews dans des médias étrangers, le quotidien britannique Times et le quotidien italien Repubblica, dans lesquelles elle revient sur sa relation avec François Hollande.

Sape méthodique
« Vous êtes marié ? Imaginez-vous votre femme dans les bras d'un autre homme ? Essayez de l'imaginer », a-t-elle lancé avec véhémence au journaliste du Time qui l'interviewait. « J'ai laissé mes larmes guider mon écriture. » Et depuis la rupture, elle a dit se sentir espionnée par l'Élysée et le président qui, a-t-elle insisté, l'a « bombardée de textos et d'e-mails » pendant le printemps et l'été pour la supplier de revenir.
Le problème pour François Hollande ne sont pas tant ces scoopinets somme toute assez inoffensifs jetés comme des os à moelle par Mme Trierweiler que ce nouveau, cet énième travail de sape méthodique, d'où qu'il vienne : de lui ou des autres, de sa stature et de sa crédibilité présidentielles. Sans compter que l'épisode terrasse romantique n'a pas manqué de poser, après le fameux cirque du scooter, la question très sensible en France de la sécurité présidentielle. Le fondateur du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), Christian Prouteau, a ainsi estimé pour Le Figaro qu'il y avait « un impensable défaut dans la cuirasse de la protection » du chef de l'État. « C'est absolument impossible de shooter de l'extérieur. C'est fait du 1er étage avec un Smartphone », a asséné Sébastien Valiela, auteur des clichés publiés par Closer en janvier, une hypothèse confirmée très fermement par le photographe Pascal Rostain, à l'origine de nombreux scoops.
Prières muettes
Si ce n'était que cela. Parce qu'il y a l'autre ex. L'ex politique. L'ex-candidat malheureux à la présidentielle de 2012. Nicolas Sarkozy. Qui a attiré sur sa personne et tout autour la quasi-totalité des spots cette semaine. Et il n'a aucun doute, François Hollande, sur le raz-de-marée que provoquera son prédécesseur lors de l'élection du patron de l'UMP. Comme Valérie Trierweiler, Nicolas Sarkozy est obsédé par la revanche contre François Hollande. Et si la première en jouit depuis la publication de son livre, l'ancien président doit attendre encore deux ans (et demi). Sauf que la route de la revanche passera, samedi, par l'étape UMP, puis par la primaire à droite. Parce que si les choses restent en l'état pour l'actuel locataire de l'Élysée, c'est-à-dire à moins de quelques petits ou gros miracles, le futur candidat de la droite aura de très grandes chances d'être élu en 2017 à la magistrature suprême, contre, comme en 2002, un(e) Le Pen.
François Hollande n'a plus qu'à prier en silence (et à forcer Jean-Pierre Jouyet de ne plus déjeuner que seul, et à la cantine de l'Élysée) : prier que le score de Nicolas Sarkozy samedi soit inférieur à 60 %, prier pour qu'Alain Juppé fasse tout pour rester en tête des sondages de popularité, et prier pour que la fée Justice trouve au moins quelque chose de consistant à se mettre sous les dents parmi la demi-douzaine d'affaires judiciaires dans lesquelles le nom de M. Sarkozy est cité.
Lots de consolation
En attendant, François Hollande sait qu'il sera (au moins) hué aujourd'hui à Florange, en Lorraine, où il se rendra pour tenter de surmonter la mémoire douloureuse des hauts-fourneaux fermés par ArcelorMittal. Il espère juste que ces huées seront camouflées par la double inauguration qu'il entend parrainer dans le département : deux sites d'avenir, une future plate-forme publique de recherche et développement industriel et une nouvelle usine aéronautique. Maigre consolation, mais que François Hollande voudrait à l'image de ses déplacements à l'étranger, dont le dernier en Australie : réussis – il en est convaincu. Et il n'a sans doute, à quelques rares exceptions près, pas tort.
Reste l'énigme Manuel Valls. Ce week-end, le Premier ministre français étoffait sa stature en Afrique. Et dans les sondages, il reste près de trois fois plus populaire que le président : dans le même sondage publié hier, 37 % des personnes interrogées sont « satisfaites de Manuel Valls comme Premier ministre » (4 % très satisfaites et 33 % plutôt satisfaites) contre 60 % qui en sont mécontentes (21 % très mécontentes et 39 % plutôt mécontentes). Mais l'Afrique, François Hollande s'y rendra cette semaine, non seulement dans le cadre du sommet de la francophonie au Sénégal les 29 et 30 novembre, mais pour une visite hypersymbolique dans l'un des trois pays les plus touchés par le virus Ebola avec le Liberia et la Sierra Leone : la Guinée.
Le problème est que de plus en plus, il n'y a plus que le(s) symbole(s). (Mal)heureusement, ils n'ont jamais bétonné une présidence.
voir aussi: robe de soirée violette
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