
En réalité, le jeune homme, qui proclame à la une de Têtu qu'il est amoureux, qui confie à la radio son mépris pour la Manif pour tous et ce qu'elle représente paie son narcissisme. L'image de cinéaste mondain et branché qui lui colle à la peau se fonde sur ses précédents films dans lequel il interprétait la plupart du temps son propre rôle. L'incroyable engouement déclenché à Cannes parMommy pouvait donc laisser croire à un phénomène de mode. La promotion impressionnante qui accompagne aujourd'hui sa sortie et qui tend à en faire «un film obligatoire» pourrait également décourager certains spectateurs. La vérité est qu'il faudrait réussir à regarder les films sans se soucier de ce qui les entoure: les admirations unanimes, les enthousiasmes de circonstances, les navrants propos d'interview du réalisateur et des comédiens.
On verrait alors que Mommy marque une vraie rupture dans la filmographie de Dolan. Le Québécois, dans cette œuvre, se dégage de toute obsession communautaire et atteint le cœur de la création artistique: puiser dans l'intime pour atteindre l'universel, conjuguer le singulier et l'intemporel, parler aussi bien au critique cannois qu'au spectateur ordinaire, le tout sans renier l'originalité de son caractère et de son écriture.
Mommy dresse le portrait d'une famille pas comme les autres: dans un quartier populaire de la banlieue de Montréal, Diane, mère veuve un brin vulgaire, tente de joindre les deux bouts tout en élevant son fils, Steve, un ado bipolaire traversé par des accès de violence. Kyla, une voisine bègue et mal dans sa peau va leur apporter son aide et son réconfort...Ses personnages, en marge du monde, sont des électrons libres qui tentent désespérément de trouver leur place dans une société aussi tolérante dans les discours que normative dans les faits. «Ils ont des tempéraments incompatibles avec ce que la société qualifie de normal» explique le réalisateur. Xavier Dolan continue donc de creuser son sillon, celui de la différence, mais loin du nombrilisme de ces précédents opus, le réalisateur s'efface, ici, derrière son histoire et ses personnages. Si sa mise en scène est toujours aussi stylisée, elle se met cette fois entièrement au service de son récit. Le cadre, volontairement rétrécit, traduit l'enfermement de ses héros. Et lorsque ces derniers se libèrent, celui-ci s'élargit. La musique, tour à tour tonitruante et mélancolique, épouse leurs accès de colère, leurs poussées de fièvre comme leurs élans de tendresse. Les couleurs reflètent la violence de leurs émotions…
Xavier Dolan, dont le film préféré est Titanic, a toujours clamé sa volonté de faire du cinéma populaire. Pour cela Dolan a fait le choix de sortir franchement du ghetto médiatique et artistique dans lequel il risquait de s'enfermer. «Je n'ai pas envie d'être un cinéaste étiqueté dans une catégorie, qui est la catégorie d'une autre catégorie. Moi, je veux que tout le monde voie Mommy.». Mission accomplie: Mommy est un grand film pour tous.
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