Les chiffres donnent le tournis – 1 400 heures de broderiesur un manteau, 196 000 paillettes ou 23 000 plumes sur une robe, 1 000 clous sur une malle… – quand on imagine les trésors de patience et de méticulosité qu’il faut déployer pour parvenir à ces résultats. Bienvenue dans l’univers exclusif de ces ateliers, où l’artisanat rencontre le luxe le plus extrême, où le superflu devient cette chose très nécessaire. C’est à Paris, éternelle capitale de la mode, qu’on a assisté à leur renaissance. Au-delà des grands mots souvent galvaudés – savoir-faire exceptionnel, artisanat précieux, exception culturelle… – se trouvent une réalité bien vivante et une tradition artistique, humaine, technique, qui a été miraculeusement sauvée des eaux. Ces métiers d’orfèvre de la mode ont bien failli tous disparaître à l’aube du nouveau millénaire : on a cru que la haute couture, avec ses fournisseurs (les brodeurs, paruriers, plumassiers, modistes…) n’avait plus d’avenir. La fermeture des maisons de couture (Saint Laurent, Mugler, Christian Lacroix, Patou…) semblait avoir prononcé la condamnation de ces savoir-faire faute de savoir quoi en faire. Certes il y a eu des faillites, des fermetures, des liquidations. Il n’y a quasiment plus d’ateliers de fabrication de chaussures, la tradition chemisière s’est éteinte, les façonniers ne sont plus légion et la maille s’est fait la malle.

Il n’y a pas si longtemps que cela, la France était parsemée de ces ateliers-boutiques d’artisans qui produisaient chaussures, chemises, dentelles, tissus. L’industrialisation puis la désindustrialisation ont eu raison de la plupart d’entre eux. Malgré tout, comme dans Astérix, le petit village gaulois résiste encore et toujours aux envahisseurs chinois, italiens ou indiens. Il n’a pas complètement rendu les armes. S’ils ont pu survivre et prospérer à l’heure de la mondialisation et des délocalisations massives, c’est grâce à une potion magique bien particulière que le monde entier nous envie. Elle est faite de savoir-faire ancestral, de patrimoine inestimable (ces milliers d’échantillons archivés avec amour), de culture, de goût, de talent. Mais aussi de techniques, de machines centenaires (qu’il faut traiter comme les vieilles dames qu’elles sont), d’innovations, de jeunes apprentis, de capacité d’adaptation, d’agilité, de rapidité inouïe et évidemment d’une qualité inégalable.
Avec la mondialisation du luxe, le succès des grandes marques, les milliards de chiffres d’affaires générés, ces ateliers sont aujourd’hui devenus des atouts pour les groupes du secteur. Après avoir annoncé leur disparition, ils en ont racheté et restructuré certains. D’autres ont été repris par des hommes d’affaires courageux et visionnaires. En assurant la survie de ces savoir-faire ancestraux, ils ont assuré leur pérennité en leur donnant les moyens de se développer.
Chez Hamon, maison indépendante de trente-cinq personnes, on pare le vêtement depuis 1919 : boutons, ceintures et plus récemment bijoux fantaisie. Sa force : savoir travailler et mélanger plusieurs matières au même endroit (cuir, métal, émail et tissu). Cela n’a l’air de rien, et pourtant c’est unique. On conçoit les bijoux de Lanvin ou les boucles strassées de Roger Vivier par exemple. Mais aussi et surtout on les fabrique ensuite en série.
Car l’enjeu est là. Pour vivre et se développer, ces ateliers ne se contentent plus de faire des maquettes, des prototypes pour des défilés de haute couture. Ils proposent aussi d’assurer la mise au point et la production complète de produits pour un prêt-à-porter presque aussi luxueux que de la couture.
voir aussi: robe de ceremonie
没有评论:
发表评论